Rêve de toi.

Publié le par Marie Rennard

Je t’ai revu en songe. Tes yeux. Ils étaient blancs de ces lumières nocturnes que tu uses en romans. Exorbités, papillonnants, toujours pleins de ces larmes que tu draines en rivières. Alchimiste des douleurs de ceux qui ne sont rien, des portes de l’Irlande aux faims de Somalie. On arbore aux chapeaux ta plume de tendresse – ou ta colère aux trottoirs de Paris. Dans mon rêve, j’ai senti tes bras entourer mes épaules d’un geste d’au revoir. Forts et courts à la fois, qui disaient… tant de choses qu’on ne répète pas quand on a la pudeur des pauvresses égarées.

Y’a pas de petit mort. Y’en a que des charrettes, des cadavres d’enfants empilés tête au nord et les pieds en avant.

Je t’ai revu en rêve, et ils étaient tous là, dans tes yeux allumés d’une tendresse mise à mal, en proie à la révolte des mots qui ne passent pas les lèvres, et qu’on écrit enfin pour qu’ils se défilent pas.

Ta lettre était timbrée d’un rouge sombre. Mais pas sang. Plutôt soir grenadine juste avant le violet. Tire les double rideaux, regarde les lumières qui courent sur l’avenue vers où ? On n’en sait rien. Y’a tellement de routes, et c’est si difficile déjà, de suivre celle qui s’ouvre sous nos pas incertains. La tienne est si abrupte. Des fois tu n’es qu’un nom. Un cœur qui bat, qui se pend à une corde, se prend les pieds aux boucles qu’elles font même aux plafonds. Alors tu lèves les yeux vers l’ampoule de néon, tu vides encore un verre, encore un, tu bois trop, et avant que l’aube vienne tu regagnes ton coin d’écriture de la nuit.

Publié dans Polésies

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I
Beau.
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M
Tendresse
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