Nettoyage...

Publié le par Irène Grätz

Il y a un moment déjà, j'ai découvert ce livre tout à fait passionnant, d’une poétesse dont j’ignorais même l’existence et dont j’ai pourtant découvert la valeur au fil de ce texte. Cela m’a bien évidemment donné envie d’en savoir plus et aussi de partager cette découverte.

 

Anna Wickham est donc la poétesse dont je parle et le livre en question est intitulé Prélude à un nettoyage de printemps, publié aux Editions des Cendres.

Anna Wickham est en fait le pseudonyme de Edith Alice Mary Harper, née en 1884 et qui s’est suicidée en 1947. Ce livre est cela : un récit de sa vie, mais surtout mené par le désir de réfléchir et d’expliquer comment elle en est venue à l’impossibilité de continuer à vivre bloquée entre deux tensions : le désir d'une part d’être une femme respectable, une bonne épouse et une bonne mère et qui s’exprime par cette idée du titre de vouloir avoir fait au moins une fois le ménage correctement dans sa maison, et d’autre part son désir de chanter, son ardent besoin d’écrire.
Quand le fourneau sera bien propre, écrit-elle, j’ouvrirai le gaz...

Il y a des accents à la Virginia Woolf dans ce texte étonnant, et qui ne sont – à mon avis – pas dus à la seule époque. Le modernisme de certains passages est tout à fait étonnant. Le ton est cynique et acerbe, par moments, devant des réalités tout aussi dures.

Anna analyse notamment les relations avec ses parents, avec son mari aussi et arrive de façon poignante à un constat d’échec. Entre séjours en hôpitaux psychiatriques et salons littéraires contre l’avis de son mari, elle essaye vainement de se faire une place dans un monde des lettres qui l’a rapidement oubliée.

 

J'ai pensé à ce livre terrible et formidable ces jours-ci, car suite au dossier Camille Claudel du Figaro, je lis à gauche et à droite des inepties au sujet de Camille qui, si elle a été une grande artiste, "était aussi folle à lier, ne l'oublions pas", dixit.

 

C'est pas faux. Oui, enfin, bon, folle à lier. Virginia Woolf aussi. Et Anna Wickham de même.

Ces princesses-là me semble-t-il, étaient surtout atteintes d'une maladie qui fut terrible pendant longtemps, irréversible qui plus est : être une femme et de talent.

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M
"Quand le fourneau sera bien propre j'ouvrirai le gaz" damned j'ai lu ça
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I
Je suis pour la louche :-)))<br /> <br /> Mais vous y croyez, vous qu'on lit encore des trucs pareils ?<br /> Bon, chui fâchée. Mais ça va m'passer...
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M
Ha putain, c'est une maladie ? que ne le disiez vous ? On plaide non coupable alors ? ou bien on en rajoute une louche pour faire chier...
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K
Elles sont jolies, ces rencontres que l'on fait au hasard des livres... Je ne connais pas Anna Wickham mais c'est un nom qui va rejoindre mon cahier de choses à découvrir! Quant à la conclusion de ton article, je la trouve très bien vue et je la partage. Je ne suis pas sûre que cette "maladie-là" ait complètement disparu pour tout dire...
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