Anglophonie mal embouchée.
Hé, devant moi, y’a une auto pas banale. Hyper large, toute blanche, avec des chromes qui brillent encore plus que mon argenterie. Sans rire, je sais pas ce que c’est, mais c’est vacheté biau comme automobile. Faut que je la serre un peu pour voir la marque qu’est écrite en tout petit. Immatriculée en californie. Je serre encore un peu, là, encore un peu. Boum. Qué c’est ce con qui pile juste quand j’arrive à la bonne distance pour lire Buick ?
J’ai pas le temps d’approfondir la question, l’américain est sorti de sa caisse, et mâtin, je vous jure que je retiens mon souffle. Le gaillard est aussi chromé que son auto, et putain de beau gosse, mais visiblement pas de très bonne humeur. Il se penche à ma fenêtre en vitupérant des choses pas gentilles en anglais. Je descends de ma caisse, prête à faire des excuses, puis me ravise. Mieux vaut jouer la francophonie. S’il se rend compte que je comprends, énervé comme le v’là, il va me demander des comptes. J’oppose donc à sa diatribe le mutisme de celle qu’en pige pas une bien qu’il me désigne, d’un index napolitain, la rayure sur son pare-choc.
Ho my God, Ho my God, Ho my God.
Je dis ça autant pour calmer le monsieur que pour me calmer moi. C’est qu’il est vraiment vraiment canon. Peut être qu’en lui expliquant tout bien que sa sparkling car blinded me, apologize my négligé but I’m on the road to the detchetry and may I propose you a coffee anyway j’aurais des chances de le voir sourire, mais je sais tout de suite que c’est pas une bonne idée. Je suis grise de poussière, engoncée dans un vieux pull de Jules qui m’arrive aux genoux, le chignon en bataille, sûrement pas au mieux de mes restes d’avantages. Merdalors de merdalors. Je m’agenouille à hauteur du pare-choc et je crache dessus avant de frotter avec la manche du pull. It is rayé je crois bien, dis-je avec un sourire, espérant encore le radoucir.
Ben, c’était pas ça qu’il fallait faire. Il me stare at, éberlué, et remonte dans sa caisse en marmonnant un fucking crone que j’aurais préféré pas comprendre.
fucking crone.
Non mais ho, fucking crone yourself hein, disparaging bastard, si j’aurais su, je te l’aurais niquée pour de bon ta caisse, malotru. Enfin bon, pour le prochain voyage de saloperies, je mettrai une jupe et des talons, comme ça si j’emboutis la Ferrari d’un rital, j’aurai des chances qu’il soit aimable. Le truc con, c’est que je cause pas l’italien.